[Cavemen Songs Records / FunkNight Records]
Barthélémy Corbelet distille, de manière délicate et directe, dix hymnes de folk colorée et, même s’il a désormais quitté Ici D’Ailleurs, ce nouveau disque rappelle l’identité sonore de son ancienne écurie. Le petit miracle du natif de Rouen réside dans sa capacité à produire une musique familière sans que l’on ne parvienne tout à fait à lui trouver d’ascendants évidents.
[Transgressive Records]
''Héritage'' : un hommage vibrant où le blues du désert rencontre les racines profondes du Mali. ''Héritage'', le nouvel album de Songhoy Blues, est une plongée captivante dans les racines musicales du Mali, offrant une réinvention audacieuse du « blues du désert » qui a fait leur renommée mondiale. Avec cet opus plus acoustique et épuré, le groupe explore un univers musical plus intime et riche en traditions ethniques.
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[EMI]
Cet album fait partie de cette catégorie d'albums qui renouvellent à chaque écoute la subjugation. Moderne et avant-gardiste en son temps, c'est la passerelle entre l'ancien Eno glam-rock et le futur producteur de ce que l'on appellera très vite l'ambient. Plus pop que certains albums planants, il précède de deux années l'excellent "Before and After Science", prolongement et évolution logiques de l'album qui nous intéresse ici. Melting-pot d'instrumentaux, de chansons et d'expérimentation, "Another Green World" est un champ peu avare en émotion puisque derrière d'étranges mélodies s'en cachent d'autres qui emportent tout sur leur passage.
[International Anthem]
Associée ici à quatre musiciens et co-compositeurs dont le saxophoniste et multi-instrumentiste Josh Johnson du génial Chicago Underground Quartet de Rob Mazurek et l’excellent claviériste et percussionniste Jeremiah Chiu déjà bien connu des aficionados du label chicagoan International Anthem, la californienne Anna Butterss invente un jazz du futur, impressionniste et percussif, capable de phagocyter aussi bien électronica onirique et kosmische musik que le groove avant-gardiste du Tortoise de Standards, entre liberté volatile et régression ludique.
[Graded Records]
Le premier album solo de Midland s'intitule Fragments of Us. Midland plonge dans l'histoire du mouvement queer britannique à travers ces morceaux, échantillonnant des dépêches radiophoniques sur les émeutes et les excès du gouvernement, tandis que des héros comme Marlon Riggs et David Wojnarowicz apparaissent pour prononcer des sermons et des tomes de spoken word. À son actif, Midland associe merveilleusement ces thèmes enivrants à des productions complexes et incroyablement habiles.
[Töt ou Tard Records]
''Grand Piano'', nouvel album de Mathieu Boogaerts qui s'ouvre sur une injonction, Faut pas que j'oublie. Cette crainte de ne plus se souvenir est l'un des sentiments qui alimente la mélancolie de Grand Piano. Mélancolie est d'ailleurs le nom du morceau suivant. Le temps de douze chansons, Mathieu Boogaerts dresse un état des lieux de sa cinquantaine, pas vraiment en crise mais avec dans ses bottes, des montagnes de questions.
[The state51 Conspiracy Records]
Les uns avaient découvert Ugly lors des premières parties de Black Country, New Road ou de Lime Garden tandis que les autres les avaient découvert à travers leur première sortie en 2019. Le sextet originaire de Cambridge basé à Londres a réussi à se démarquer de la norme avec leur fusion musicale absolument indéniable qui continue de nous impressionner à travers leur nouvel EP qui s’intitule ''Twice Around The Sun''.
[City Slang Records]
Le Lambrini est “un cidre de poiré léger et fruité fabriqué à Liverpool”. Mais souvenez-vous de vos cours d’anglais : attention aux faux amis ! Les Lambrini Girls ne sont ni de Liverpool, ni légères, et pour le fruité, ça reste à voir. Le trio prétend s’inspirer autant de Savages que des Spice Girls, mais là encore, ça peut être un peu trompeur, en tous cas pour la deuxième proposition. Ce qui en revanche ne prête à aucune discussion, c’est la fureur développée par ces filles de la côte est britannique depuis leur single Help Me I’m Gay en 2022. Avec un accent trempé dans la lager (le Nottingham des Sleaford Mods n’est pas loin !), le girl band le plus épicé de l’année enchaîne les prestations infernales comme les doigts d’honneur à l’extrême droite et à l’establishment anglais.
[62 TV Records]
Le chanteur tunisien installé en Belgique a sorti son troisième album le 10 janvier. “Khyoot” se dévoile comme une douce promenade méditative, mêlant folk et musique populaire tunisienne. Idéal pour accompagner ses soirées d’hiver.
[22Twenty Records]
Musicienne britannique installée en France depuis dix ans, Flora Hibberd signe avec Swirl un premier album convaincant. Entourée de musiciens chevronnés dont les états de service vont de Sufjan Stevens à Bon Iver, elle puise dans un univers indie aussi proche de la folk music que du rock. Finement produit, interprété avec beaucoup de personnalité, voilà un disque qui devrait trouver son public chez les fans des deux artistes sus-cités ou encore de Big Thief.
[Autoproduit]
34 vignettes foisonnantes, absolue dinguerie aux télescopages inclassables, papillonnant entre jazz cinématographique, soundtrack percussif, élégies orchestrales, collages rétro, library music, chorales anachroniques, néoclassique jazzy à la Moondog, dream-pop (avec même un peu de chant féminin sur le vaporeux "How Can I Keep from Singing" par exemple), musique de chambre au piano et, forcément, musique baroque, au sens littéral (avec pas mal de clavecin notamment) mais pas seulement, une étrangeté palpable se dégageant d’une grande partie de ces morceaux dont l’atmosphère oscille entre tension hantée, féérie décalée et lyrisme ironique.
[Mutombo Records]
Sur « Secret Pancake », j'ai gardé les choses simples et j'ai cuisiné avec ce qui était à portée de main. Quant à la recette complète ? J'ai bien peur qu'elle doive rester secrète.
[Pan Records]
Nekkuja est un endroit où les sentiments les plus chauds et les plus doux de la compositrice et productrice catalane Marina Herlop remontent à la surface et transpercent le sol. Elle décrit l’album comme un moyen pour elle de rechercher et d’affirmer la lumière intérieure, et il s’agit sans aucun doute de sa déclaration la plus brillante et la plus pop à ce jour. Les touches expérimentales et avant-gardistes qui ont nourri Pripyat sont toujours présentes, mais avec un niveau de positivité qu’il est rare de trouver dans un milieu aussi envoûté par la noirceur et la mélancolie.
[6T2 Records]
Bilou, un petit nom tout rigolo pour une musique pleine de fantaisie. C’est ce qui ressort de ce premier album signé d’un l’artiste belge, semble t-il, aussi à l’aise en musique qu’en arts visuels, repérer, notamment comme photographe et réalisateur de clips pour Étienne Daho et Flavien Berger. C’est d’ailleurs pour ce dernier, qu’il a fait la première partie lors de concerts en 2023. Il faut dire qu’il y a pas mal de similitudes entre les univers de ces deux garçons, avec cet amour commun pour l’expérimentation, l’envie de faire une musique pop plein de trouvailles, de poésie et de liberté. Une jolie découverte.
[Think!Records]
Davi Fonseca présente son deuxième album : ''Viseira'', une œuvre qui cherche à affirmer son lien avec la musique populaire made in Brazil. L'album présente la participation de 21 musiciens de Belo Horizonte et chacun des morceaux a une instrumentation différente et son propre son. Cette œuvre se compose de huit chansons. Les arrangements ont été écrits par Davi et mettent en évidence la relation intime que l'artiste cultive avec la chanson et la musique instrumentale. Des rythmes et des intrigues complexes y cohabitent avec des mélodies et des timbres captivants, invitant le public à une expérience immersive, dans laquelle chaque nouvelle écoute apporte quelque chose de nouveau.
[Music From Memory Records]
"Virtual Dreams II" a pour objectif de mettre en lumière ce moment unique dans le temps où le fil de la musique ambient s'est frayé un chemin à travers la musique d'une culture club émergente. Cette période a vu la naissance de nombreux grands labels techno japonais tels que Sublime Records , Transonic Records, Syzygy Records, Frogman Records et Form@ Records, qui ont suivi à la fin des années 90. "Virtual Dreams II" présente de l'ambient, du chill-out et de la techno intelligente de ces labels leaders aux côtés d'autres labels moins connus mais tout aussi influents, ainsi que des déviations ambient de producteurs de house japonais.
[International Anthem Recordings]
Au cours des sept années de résidence, l'ensemble ETA de Jeff Parker est passé d'un groupe qui jouait principalement des standards à un groupe connu pour ses voyages transcendants et longs (s'étendant parfois sur 45 minutes ou plus) dans des territoires innovants, souvent inexplorés, de musique improvisée orientée groove, picturale, polyrythmique, minimaliste et mantrique. Le 22 juillet 2024, l'ETA IVtet s'est réuni pour se produire ensemble pour la première fois depuis longtemps, jouant devant une foule à guichets fermés de plusieurs centaines d'auditeurs.
[La Castanya Records]
La chanteuse et compositrice minorquine mélange tradition folklorique et nouvelles compositions dans une série de performances étranges et intensément concentrées honorant le caractère rural de son île natale. La plupart des chansons sont chantées en minorquin, la langue locale, proche du catalan, bien que quelques-unes soient en espagnol. Mais même les auditeurs qui n’ont aucune connaissance des idiomes ou de la culture des Baléares peuvent être captivés par la beauté étrange de ces performances intensément concentrées.
[Prince Philip Records]
Cette compilation est dédiée à la mémoire du regretté « Prince » Philip Smart, premier apprenti de King Tubby et premier ingénieur du son du studio de Tubby, en plus de Tubby lui-même. Aux côtés de Tubby, Philip a joué un rôle essentiel dans l'innovation qui a eu lieu au studio de Tubby au milieu des années 1970, où le mixage du nouveau reggae roots a révolutionné le son de la musique jamaïcaine et créé des styles et des techniques qui résonnent encore aujourd'hui, près de 50 ans plus tard.
[ Mahorka Records]
Le jazz psychotropique et hanté d’un collectif philippin élevé à Ornette Coleman et Ennio Morricone. Seul label de l’univers connu dont la réussite dans l’éclectisme parvient à tutoyer celle d’un Thrill Jockey, Mahorka aura brillé aussi bien en 2024 dans l’électronica, la drum’n’bass ou l’ambient que dans le post-rock, la dream-pop ou l’expérimentation bruitiste. Il ne manquait pour ainsi dire qu’un peu de jazz, c’est chose faite ces jours-ci avec un chef-d'œuvre, le 4e opus en un peu moins de 10 ans du crew philippin Luneta Freedom Jazz Collective.
[Forever Living Originals Records]
Comme toujours, c’est dans la plus grande discrétion que le groupe SAULT a sorti un nouvel album, juste avant les fêtes de noël. Distribué dans un premier temps via un lien sur ''WeTransfer, Acts Of Faith'' est désormais disponible sur les différentes plateformes de streaming. Là encore, le groupe régale dans son style Soul, Funk, R&B, léger, gracieux et chatoyant. « Un disque qui fait du bien », comme on dit de nos jours.
[NooPop Records]
NooPop Records présente « Naissoo Freeform Quintet », dirigé par le maître du clavier Tõnu Naissoo. Enregistré à Tallinn lors de deux sessions d'improvisation électrisantes en juillet 2024, ce LP capture l'énergie contagieuse du funk, l'esprit aventureux du free jazz et imprégné d'un clin d'œil nostalgique à l'ère psychédélique. Cet album est une célébration des rythmes percussifs dynamiques et du son exploratoire de la clarinette basse, du Rhodes, du Moog Source et de l'ARP Odyssey, offrant un mélange unique d'influences musicales passées et futures.
[A-Zap Records]
''3+5'' est le huitième album tant attendu du groupe emblématique de noise-rock japonais Melt-Banana, et leur premier en sept ans. Il sort sur leur propre label A-Zap. L'album met en valeur l'approche musicale visionnaire du duo et ses capacités extraordinaires en tant qu'interprètes : la voix étourdissante et hyperactive de Yasuko Onuki et la guitare glitch et cyberpunk d'Ichiro Agata, délivrées à une vitesse vertigineuse, baignent dans des sons électroniques agressifs.
[HHV Label]
Symptomatique d’un début d’album tellement imposant qu’il en écrase presque la suite du disque , ce morceau d’intro voit le vétéran new-yorkais Godfather Don , compère de Kool Keith dans la première moitié des années 90 remember The Cenobites sampler les cordes de'Melody Nelson'sans le moindre complexe , pour accoucher d’un titre au souffle épique sur lequel son flow paradoxalement posé fait merveille).
[Dur & Doux Records]
Six ans après la majestueuse douceur de Pierrefilant, avec le même sextette, Frater Crater prolonge la rêverie mélancolique dans des morceaux vaporeux, qui touchent à l’esprit avant le corps, provoquant une lévitation jouissive aux auditeurs les moins sensibles à la gravité. Avec toujours ce falsetto fragile, la voix d’Antoine Mermet égraine des mélodies complexes, pleines de tendresse et de nostalgie, parfois difficiles à saisir, à retenir, mais jamais trop alambiquées. On a bien affaire à une forme de pop, tantôt minimale, tantôt exubérante, jamais simpliste.
[Autoproduit]
Le rappeur de Nashville Rory Allen Philip Ferreira, alias RAP Ferreira , a sorti son septième album studio ''OUTSTANDING UNDERSTANDING'', son deuxième album cette année après ''The First Fist to Make Contact When We Dap'' avec Fumitake Tamura en janvier. Ferreira a sorti cet album après une année tumultueuse marquée par une bataille juridique entre le rappeur et son ex-partenaire au sujet de la garde de leur enfant.
[NoPaper Records]
Le Wojtek Mazolewski Quintet revient avec une nouvelle formation rafraîchie et un nouvel album complet, ''Beautiful People'' est un album plein d'âme qui se dirige vers le royaume du jazz spirituel contemporain tout en conservant l'identité et la tradition slave de WMQ. Le nouveau matériel présente une nouvelle énergie, un nouveau son et une nouvelles compositions de qualité.
[Drag City Records]
À l’inverse du sommet "Silencio" (2012) qui voyait Laetitia Sadier mettre les bouts vers une pop ligne claire chaleureuse et luxuriante, on retrouve sur Rooting for Love ces contrastes Stereolabesques entre la voix de la française, toujours aussi limpide et rassurante telle un fil d’Ariane, et des sonorités plus électroniques et rétrofuturistes mêlant psychédélisme onirique (avec cet orgue vintage omniprésent), synthés ascensionnels, abstraction kosmische, qui doivent autant à Neu ! qu’à Steve Reich, dynamique motorik et groove des basses aux rondeurs 60s, tandis que les changements de tempo et autres circonvolutions mélodiques aux contrepieds harmoniques typiques de la formation britannique dont elle tient le micro depuis 1990 reprennent le dessus, au gré d’un chant sautillant comme à l’accoutumée de l’Anglais au Français.
[Mack Avenue Records]
The Bad Plus a fait un pas en avant audacieux avec Complex Emotions, son deuxième album en tant que quatuor. Après avoir redéfini leur son pendant 21 ans, les membres fondateurs Reid Anderson et Dave King ont élargi le groupe en recrutant le guitariste Ben Monder et le saxophoniste Chris Speed. Cette nouvelle formation a débloqué de nouvelles possibilités créatives, pleinement explorées dans Complex Emotions. Le titre de l’album, tiré d’une expression utilisée depuis longtemps par Anderson et King, reflète les explorations musicales variées qui ont défini le parcours du groupe.
[Shelter Press Records]
Matt Christensen a beau publier 25 albums par an dont un certain nombre d’enregistrements largement improvisés, la sortie d’un nouveau Zelienople, qui associe le chanteur/guitariste de Chicago au bassiste/clarinettiste Brian Harding et au percussionniste Mike Weis, est toujours un petit évènement, en particulier pour les admirateurs du Talk Talk des deux derniers albums qui a clairement laissé son empreinte sur ce projet. ''Everything Is Simple'', soutenu par le vibraphone et autres claviers et synthés de la paire d’instrumentistes P.M. Tummala / Eric Eleazer .Plus présente, la clarinette accentue par ailleurs une certaine dimension drone-jazz qui, alliée aux drums particulièrement tribaux et hypnotiques, renoue plus ouvertement avec l’inspiration impressionniste et post-jazz du combo de Mark Hollis.
[Star Bakery Records]
Le Californien est peut-être bien ici à son sommet de sampling épuré, déroulant avec autant de classe que d’inventivité - et presque sans beats - ses ambiances cinématographiques, entre tension rétro aux contrepieds baroques, groove cuivré, pop psyché et lyrisme anachronique désarmant. Un album qui joue autant sur ses qualités texturées et une répétition de motifs hypnotiques parfois presque ambient que sur la légèreté des choeurs célestes et autres arrangements à la Burt Bacharach pour mieux nous happer dans son irrésistible imaginaire.
