Cindy Lee -
Diamond Jubilee (2024)
[Auto-produit]
Il est des engouements inattendus qui donnent le sourire. De fait, la musique du canadien Patrick Flegel, connu auparavant comme chanteur et guitariste du groupe Women et qui, depuis plus d’une dizaine d’années, traîne son spleen bricolo/bruitiste théâtral sous le pseudo queer Cindy Lee. Diamond Jubilee est une évolution de façon splendide sur un format au (très) long cours qui peut laisser pantois. Double voire triple LP de 32 titres, plus de deux heures d’écoute, une forme qui n’est pas sans rappeler les œuvres XXL des Magnetic Fields, la conceptualisation en moins. Personne n’aurait pu prédire que ce disque tentaculaire et hors du temps, autoproduit par un artiste qui a choisi de se démarquer presque entièrement du paradigme marketing et de distribution de l’ère du streaming, deviendrait « l’histoire rock indé feel-good de l’année », selon les gros titres des publications musicales célébrant une rare victoire contre leur propre insignifiance perçue. Difficile de dire si ce sentiment était partagé par Flegel, qui a annoncé sur scène lors d’un des concerts à guichets fermés suivants : « Je me sens comme un putain d’animal en cage », avant d’annuler complètement la tournée.